Le maître-autel

Le tableau central représente le Couronnement de la Vierge. La Vierge, vêtue d'une longue robe de brocart doré, est entourée par le Christ et Dieu le Père qui tiennent une couronne impériale au-dessus de la reine céleste. La tête du Christ est également ornée d'une couronne dont les rameaux entrelacés rappellent la couronne d'épines. Le globe terrestre de verre qu'il tient sur ses genoux et dans lequel la silhouette de la Vierge se reflète, est considéré comme le signe de sa souveraineté et témoignage du raffinement du peintre. Au- dessus du groupe, la colombe du Saint-Esprit baigne dans une lumière dorée et divine. La scène est accompagnée d'une multitude d'angelots musiciens qui se retrouvent dans les rinceaux. Dans le tableau, le paradis céleste se révèle au spectateur.

Ce n'est que pendant la période de Noël que l'on peut voir sur l'autel fermé quatre autres scènes de la vie de la Vierge: De gauche à droite, l'Annonciation, la Visitation, la Nativité et la Fuite en Égypte. Ces quatre panneaux sont entourés de feuilles d'acanthe sculptées, créés par Hans Baldung en collaboration avec Hans Wydyz, qui a également réalisé sur la prédelle l'Adoration des Mages.

l'Annonciation

"Ne crains pas", c'est ainsi que l'archange Gabriel parle à la Sainte Vierge. Ses cheveux dorés sont encore soulevés par son vol rapide. Marie, qui étudiait les Saintes Écritures peu de temps auparavant, apprend par l'ange la conception de Jésus. Dans le rayon de lumière céleste entrant, on peut reconnaître la colombe du Saint-Esprit et l'enfant Jésus flottant dans l'air, la croix en bandoulière. Symboliquement, les récipients en verre sur la table blanche à l'arrière-plan font référence à la virginité de Marie. L'odeur du muguet à côté est un doux parfum de virginité.

La Visitation

Dans la montagne, près de la ville de Judée, Marie et sa cousine, enceinte elle aussi, se donnent la main. Élisabeth donnera naissance à Jean le Baptiste.
Le lien spirituel profond entre les enfants à naître se reflète dans le visage des deux femmes. Le visage de Marie est caractérisé par la jeunesse et la douceur, son innocence et son rôle de Mère de Dieu sont mis en évidence. Ses cheveux tombent doucement sur sa lourde robe et le vent joue avec le voile transparent qui orne sa tête : La délicatesse de la peinture de l'artiste est inégalée. Baldung se concentre sur les gestes, les regards et les postures. Seuls les lièvres, signe de fertilité, sont placés aux pieds des femmes lourdement enceintes, en guise de complément ludique.

La Nativité

Dans la nuit profonde et sacrée, le Christ nouveau-né brille comme une source lumineuse. Un linge blanc porté par des putti forme le creux protecteur dans lequel l'enfant nu flotte plutôt qu'il ne repose. Jésus tend les mains à Marie avec affection, dont le regard tendre lui rend le signe d'amour intime. Joseph ferme les yeux, aveuglé par l'éclat étrange de l'enfant. On aperçoit les fragments d'une étable et les ruines d'un temple, qui symbolisent probablement le déclin de l'ancien monde préchrétien. La tête du bœuf, symbole de la communauté juive, dépasse d'une colonne de marbre. L'âne, représentant le paganisme, est presque entièrement englouti par les ténèbres.

La Fuite en Égypte

La tête de Marie est entourée d'une auréole d'or brillante. Elle tient littéralement les rênes, tandis que l'enfant est blotti sur ses genoux. La Sainte Famille en fuite dégage une charmante idylle. Un palmier les surplombe comme une arche, autour duquel grimpent quatre putti. L'un d'eux tend à l'enfant Jésus des dattes provenant d'une branche qui a été arrachée. Les animaux et les plantes qui recouvrent le sol du désert ont des significations diverses : le papillon et l'escargot sont des symboles de la résurrection. Les plumes rouges du chardonneret et de la fraise rappellent le sang du Christ.